Voici une synthèse claire et chronologique du « scandale du Maybourne Riviera » (anciennement Vista Palace) à Roquebrune-Cap-Martin, mettant en lumière les principaux événements et enjeux juridiques.
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1. Contexte & historique
L’hôtel, construit en 1950 sous le nom Vista Palace, est reconstruit en 1963 et situé sur un spectaculaire éperon rocheux surplombant Monaco—classement en zone protégée Natura 2000 .
En 2014, l’ancien émir du Qatar, Hamad ben Khalifa Al Thani, acquiert l’hôtel via une offre de 30,5 millions d’euros, malgré des recours dénonçant une procédure irrégulière . Une enquête pour « abus de pouvoir », « corruption » et « trafic d’influence » est ouverte fin 2015 suite à une plainte .
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2. Rénovations controversées (2016–2021)
D’importants travaux (estimation entre 100 et 250 millions d’euros) sont menés pour transformer l’établissement en « Maybourne Riviera », avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte et Vinci .
Les critiques émergent rapidement : extension illégale d’environ 1 200 m² (dont 200 m² en zone rouge du périmètre de prévention des risques) et impact environnemental discuté .
En 2021, Apave, bureau de contrôle, signale des malfaçons graves (plus de 6 000), problèmes de sécurité, et menace de retrait de sa validation .
Un éboulement rocheux survient dès 2005, et des recours sont engagés dès 2017 .
L’hôtel réouvre en juillet 2021 malgré ces alertes .
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3. Plainte & mise en examen (2022–2023)
En août 2022, une conseillère municipale d’opposition, Marie-Christine Franc de Ferrière, dépose une plainte pénale, déclenchant une enquête menée par les services préfectoraux et menant à un procès .
En 2023, la mairie de Roquebrune-Cap-Martin accorde un 4ᵉ permis modificatif afin de régulariser a posteriori les surfaces excédentaires — décision contestée en justice .
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4. Le procès & le verdict (mars–mai 2025)
Le procès s’est tenu devant le tribunal correctionnel de Nice le 18 mars 2025, examinant les travaux illicites effectués entre 2016 et 2022 .
Le 20 mai 2025, le tribunal pénal rend sa décision : les deux sociétés impliquées sont condamnées à 15 000 € d’amende chacune, doivent démolir l’annexe construite en zone interdite, remettre le site en conformité (étalement des surfaces illégales), et verser :
50 000 € à une association de riverains,
quelques milliers d'euros à la commune (frais et image) .
Le gérant Gilles de Boissieu, considéré comme trop éloigné des décisions contestées, est relaxé .
Cette décision a été jugée « trop clémente » par les opposants, suggérant une faible dissuasion comparée aux enjeux de luxe .
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5. Dimensions diplomatiques & politiques
L’affaire s’inscrit dans une moins large : tensions entre diplomatie de luxe qatarie et exigences locales/environnementales .
Des rivalités internes apparaissent, notamment entre la famille royale du Qatar et Paddy McKillen, maître d’œuvre irlandais limogé en avril 2022 ; ce dernier assure avoir respecté les autorisations, et poursuit les Qataris pour non-paiement à hauteur de 39 millions d’euros .
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Récapitulatif chronologique :
Date Événement
1950–1963 Construction puis reconstruction du Vista Palace
2014 Achat par l’ancien émir du Qatar (30,5 M €)
2016–2021 Rénovation lourde, malfaçons, extensions illégales
2017 Premières contestations (éboulement, Natura 2000)
2021 Réouverture, malgré les alertes d’Apave
2022 Plainte judiciaire déposée, enquête officielle
2023 Permis modificatif contesté lancé par la mairie
18 mars 2025 Procès devant le tribunal correctionnel de Nice
20 mai 2025 Verdict : amendes, démolition, indemnités, relaxe du gérant
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Conclusion
Ce dossier illustre l’équilibre fragile entre développement de prestige, réglementation d’urbanisme, et vigilance environnementale, sur fond de rivalités internationales et revendications locales. Malgré les sanctions financières et obligations de remise en conformité, le symbole reste : un projet monumental qui a profondément bouleversé son environnement et divisé la communauté locale.